Le Président Poutine n’a pas craint de s’en prendre directement à Lénine en qualifiant d’acte de trahison la signature de la paix de Brest-Litovsk en 1918. Les remous et les espérances provoqués par ces propos méritent toute notre attention. Les années riches en commémorations qui s’annoncent vont être passionnantes, mais les défis à relever et les obstacles auxquels il faut s’attendre ne doivent pas être sousestimés.
Le 27 juin dernier, devant le Conseil de la Fédération (l’une des deux Chambres du Parlement russe, l’autre étant la Douma), le Président Poutine a fait sensation en déclarant que les Bolcheviks avaient commis un « acte de trahison nationale » envers la Russie en signant la désastreuse paix de Brest-Litovsk en mars 1918. Comme il l’a souligné, « dans toute l’histoire de l’humanité, on n’a jamais vu ça » – un pays en train de vaincre qui capitule devant le futur vaincu.
Pourtant, c’est bien ce qui est arrivé. Uniquement soucieux des intérêts de leur parti, les Bolcheviks ont privé la Russie de sa victoire à l’issue de la Première guerre mondiale, consentant notamment à d’énormes amputations territoriales et réduisant à néant les efforts des années antérieures.
Aujourd’hui, « le temps a passé et on peut maintenant revenir » (sur ces événements) a conclu le Président Poutine, déterminé pour sa part à rendre hommage aux sacrifices et aux exploits des combattants russes de l’époque et à mettre un terme au silence officiel sur ces événements. Dans la foulée, il a annoncé le soutien financier de l’Etat russe à l’entretien d’une nécropole en Serbie où sont enterrés cent vingt-quatre généraux de l’armée impériale et de très nombreux soldats russes.
Ces propos fracassants, retransmis par de nombreux médias russes (Interfax, RIA Novosti, etc), suscitent bien entendu de violentes réactions de la part des sympathisants et responsables communistes.
Pour notre part, nous sommes profondément heureux de les relayer auprès de ceux qui nous lisent. Tout cela nous concerne et nous interpelle très directement.
En effet, sans vouloir tomber dans un optimisme délirant, comment ne pas remarquer que c’est la première fois qu’un dirigeant russe s’en prend aussi clairement non pas à Staline, mais bel et bien à Lénine. Comment ne pas espérer qu’une prise de position aussi catégorique débouche sur cette « débolchévisation » en profondeur de la Russie que nous appelons de nos voeux. Un processus qui nous paraît indispensable à sa guérison spirituelle comme à sa prospérité future. Comment, enfin, ne pas penser que ce processus va s’accélérer et s’approfondir grâce à l’approche d’années riches en commémorations historiques – 2014, c’est dans moins de deux ans, 2017, dans moins de cinq…
Nous devons nous préparer de notre mieux, nous aussi, à notre modeste niveau, en tant que descendants de ces Blancs qui ont cru en la Russie jusqu’à leur dernier souffle. Nous le devons à leur mémoire comme à notre propre fidélité aux valeurs qu’ils nous ont transmises. Tâchons de nous montrer dignes de leur confiance, en participant au travail de vérité, en soutenant les initiatives courageuses, en témoignant partout où nous le pourrons, malgré les obstacles et les réticences qui restent considérables.
Comme cela a déjà été dit lors du fameux pèlerinage de 2010, la question n’est pas de savoir « si nous en sommes capables », mais d’y mettre toutes nos forces, notre bonne volonté, notre coeur.