En décembre 2010 lors de l’année France-Russie, Gabriel Erguine, peintre d’origine russe, avait présenté à Boulogne-Billancourt, une vingtaine de ses œuvres, regroupées sous le titre « LUMIÈRES : slaves et d’ailleurs », et avait répondu à nos questions.
V.A. Comment avez vous conçu cette exposition, qui se situait pendant l’année croisée France-Russie?
Je voulais montrer comment ces deux grandes nations, en harmonie l’une avec l’autre, se fondaient dans une culture unique. Prenez par exemple la cathédrale d’Amiens ou la cathédrale de l’Assomption au Kremlin, dont les deux représentations picturales sont exposées côte à côte, il s’agit des mêmes vibrations ; j’ai voulu souligner que toutes deux dégagent la même puissance.
Pour cette exposition intitulée « LUMIÈRES : slaves et d’ailleurs » j’ai simplement cherché à rendre compte de la beauté et de la lumière universelles, donc communes à la France et à la Russie.
V.A. Au-delà de l’aspect universel que vous avez voulu souligner par vos tableaux, y a-t-il des liens particuliers entre ces deux pays ?
Oui, certainement ; ils sont liés depuis plus longtemps qu’on ne croit. En 1051 par exemple, une princesse russe, Anne, belle, intelligente, très cultivée, fille du grand duc Iaroslav de Kiev, avait épousé le roi capétien Henri Ier ; ce mariage n’avait pas été seulement une union politique mais également un mariage d’amour, car dès qu’elle était apparue aux yeux du roi, au terme d’un voyage épuisant et long de plusieurs mois, Henri I avait eu le coup de foudre. Elle aurait de plus, apporté de Kiev, un évangéliaire, nommé le Texte du Sacre, sur lequel à partir de François II, certains rois de France auraient prêté serment, lors de leur couronnement à Reims.
V.A. Et vous même, par votre histoire personnelle, témoignez de ces liens…
Oui, je suis russe par mon père, un ancien officier de l’armée impériale, devenu recteur de l’église de l’Assomption de Sainte Geneviève des Bois où il a officié pendant 23 ans. Vous savez que le cimetière communal abrite depuis 1927, un carré russe de plus de cinq mille tombes, dont celle du danseur Rudolf Noureev, qui fait la renommée de cette ville si proche de Paris, bien au-delà de l’hexagone.
Mes liens avec la Russie sont également actuels, puisque je suis membre émérite de l’Académie des Beaux-Arts de Russie.
Et les deux grandes expositions qui ont marqué mes débuts comme peintre, ont eu lieu, la première à Paris, dans le cadre prestigieux de l’Assemblée nationale, et seulement un an plus tard en 2000, à Moscou, à la Maison Centrale des Peintres, sous l’égide de Mikhaïl Gorbatchev.
V.A.- En effet, quel symbole… mais vos premières grandes expositions, si je calcule bien, sont récentes…
J’ai travaillé d’abord dans le commerce international, dans un métier ouvert sur le monde, et j’ai eu la chance d’occuper des postes très intéressants, comme par exemple conseiller au commerce extérieur. J’étais donc gâté, puisque je connaissais la réussite professionnelle.
Mais j’avais toujours été attiré par la peinture et le dessin, et j’avais suivi des cours aux Arts Décoratifs de Paris, dès l’âge de 10 ans. Arrivé à la cinquantaine, je me suis rendu compte que ce que j’avais fait jusqu’à présent, n’avait pas de sens et que, du point de vue de l’art, je n’avais rien accompli.
Or j’appartiens, par ma mère, à une famille d’artistes connus ; mon grand-père, Paul Juon, était un musicien compositeur, d’origine suisse, qui naquit en Russie et y vécut jusqu’à son départ pour Berlin, à l’âge de 22 ans. Condisciple de Serge Rachmaninoff, il fut surnommé par ce dernier, « le Brahms russe » ; il correspondait avec Rimski-Korsakov, et rencontrait souvent Igor Stravinsky, Serge Prokofiev et Richard Strauss.
Son frère cadet, mon grand-oncle Constantin Juon, s’illustra comme peintre et a traversé les périodes pré et post révolutionnaire. Célèbre en Russie, il débuta brillamment sa carrière avant la révolution de 1917, mais connut également la consécration ensuite Il me fallait être à la hauteur de ces artistes et rattraper le temps perdu…
V.A. Comment avez vous donc fait ?
Débutant à l’âge de 52 ans et ayant déjà réussi ma vie, j’ai pu peindre avec une liberté totale. J’avais de plus, la chance de n’appartenir à aucune école, et de ne pas me sentir enfermé dans l’obéissance à des règles strictes. Lorsque je peins, je me laisse guider par ce que je ressens au plus profond de moi-même ; personne ne me dicte de mettre la lumière dans mes tableaux de telle façon, parce que cela se fait ainsi. La lumière est partout, c’est ce que j’ai voulu signifier par le titre que j’ai choisi pour cette exposition.
Pour peindre, j’ai besoin de m’enfermer dans la solitude, dans une espèce d’ascèse. Pour cette exposition par exemple, j’ai travaillé 14 à 15 heures par jour, jusqu’à 3 ou 4 heures du matin ; loin du bruit de la région parisienne, dans le calme de la Normandie…
V.A. Comment expliquez vous ce besoin ?
Peut-être est-ce dû au fait que ma famille paternelle est par tradition, cléricale, de père en fils ; vous savez que dans la religion orthodoxe, le clergé peut être marié. Je n’ai pas suivi l’exemple de mon père, mais j’ai vécu dans une authentique atmosphère religieuse et ma recherche picturale est assurément une recherche spirituelle.
Il se peut également que cela soit dû à l’âge… Certains m’ont par exemple reproché l’absence de vie humaine dans mes tableaux… Je pourrais répondre : « croyez vous que l’homme soit digne d’être représenté ? », parce que j’ai déjà pas mal vécu… Mais ce serait une boutade.
Plus sérieusement, ma peinture, créée dans une solitude qui m’est nécessaire, est une peinture « silencieuse » dans laquelle je me retrouve.
Site du peintre : g.erguine.free.fr
Interview publiée dans http://www.e-bb.info/
http://vslevitrav.com/ – levitra and cialis online
Muchas gracias. ?Como puedo iniciar sesion?
Colombia Comprar Propecia